Dans les ruelles sinueuses de la médina de Marrakech, une histoire de résilience et d'amour maternel prend vie sous la plume de l'un des plus grands artistes marocains contemporains. La ville ocre, carrefour millénaire entre tradition et modernité, s'impose aujourd'hui comme le nouveau centre névralgique de la création artistique africaine.
Cette renaissance culturelle est incarnée par Mahi Binebine, artiste pluridisciplinaire de renommée internationale, qui nous livre son 13ème roman "La nuit nous emportera" (éditions Robert Laffont), comme l'a révélé une récente interview de l'artiste. Cette œuvre, qu'il décrit comme "la plus difficile à écrire", est une lettre d'amour bouleversante à sa mère, figure de courage qui a élevé seule sept enfants pendant que son mari servait le roi et que son fils aîné était emprisonné pendant 18 ans suite au coup d'État de Skhirat en 1971.
À travers le regard d'un petit garçon frileux, le roman dépeint une ville où la solidarité transcende les différences sociales, où "la porte de la maison du pauvre et celle du riche n'ont aucune différence". Cette même solidarité anime aujourd'hui les projets de Binebine, qui crée des centres culturels offrant "la culture de la vie" à des milliers d'enfants marocains.
Marrakech connaît actuellement une effervescence artistique sans précédent. La ville accueille la prestigieuse foire d'art contemporain 1-54 et le Festival du livre africain, transformant la cité impériale en véritable hub culturel continental. Pour Binebine, dont les œuvres sont exposées dans les plus grands musées du monde, du Guggenheim au Smithsonian, c'est le signe d'un changement profond : l'Afrique ne regarde plus seulement vers le Nord, mais affirme sa propre identité culturelle.
Cette renaissance marocaine s'inscrit dans un mouvement plus large de transformation du continent africain. "L'Afrique est belle, l'Afrique est riche, l'Afrique est géniale", affirme l'artiste qui encourage la jeunesse à construire son avenir sur ses terres natales plutôt que de rêver d'un ailleurs incertain. Un message d'espoir porté par un homme qui, après 25 ans d'exil doré entre Paris et New York, a choisi de rentrer dans sa ville natale, convaincu que "c'est là où ça se passera".