Marrakech accueille le 14e Congrès mondial des consuls, premier en Afrique

Rédigé le 17/11/2025
Le Marrakech


Le 14e Congrès mondial des consuls a été inauguré à Marrakech, réunissant 150 honoraires venus des cinq continents pour un sommet diplomatique inédit en Afrique. Il s’est tenu du 29 octobre au 1er novembre. L’événement a été organisé conjointement par la World Federation of Consuls (FICAC) et l’Union des Consuls Honoraires au Maroc (UCHM). Il examine l’évolution de la diplomatie consulaire à l’heure des interdépendances et des crises globales, confirmant la position du Maroc comme acteur clé de la diplomatie parallèle et de la coopération internationale.

La FICAC a été fondée le 2 octobre 1982 par sept pays nordiques (Danemark, Finlande, Grèce, Islande, Italie, Norvège et Suède). Aujourd’hui, elle fédère plus de 9 000 consuls de 95 pays, avec pour mission de promouvoir la compréhension mutuelle et un dialogue diplomatique constructif. L’UCHM, créée en 2015, représente le corps consulaire honoraire accrédité au Maroc et facilite les échanges économiques, sociaux et culturels.

Les consuls honoraires, représentants officiels des États d’envoi dans les pays hôtes, protègent les droits des ressortissants étrangers, délivrent des documents de voyage, stimulent les relations économiques et commerciales, et encouragent les échanges culturels. Contrairement aux diplomates de carrière, ils exercent souvent leurs functions parallèlement à une activité principale, mobilisant leurs réseaux locaux pour établir des liens entre nations.

La séance d’ouverture a été marquée par les interventions du président de la FICAC, Nikolaos K. Margaropoulos, et du président de l’UCHM, Atman Haloui. Ensuite, un discours liminaire de l’ancienne présidente croate, Kolinda Grabar-Kitarović, a suivi. Atman Haloui a souligné le choix du Maroc pour son statut de carrefour des civilisations, son réseau de plus de 170 consuls honoraires actifs et son engagement à développer le rôle consulaire aux côtés de la FICAC. Il a mis en avant les transformations économiques, commerciales, sociales et culturelles sous l’impulsion du roi Mohammed VI.

Nikolaos K. Margaropoulos a évoqué la transformation de la Fédération depuis le dernier congrès tenu à Chypre il y a trois ans. Il a rappelé des conférences régionales en Afrique (Ghana), Amériques (Honduras), Asie (Philippines, Kazakhstan) et Europe (Grèce). Il a détaillé les initiatives de formation, dont un Executive Diploma in Diplomacy en partenariat avec Anatolia University, soulignant le manque de cursus structurés pour les consuls honoraires. Il a annoncé la publication « Contemporary Diplomatic and Consular Relations », coécrite par douze professeurs, et une série de partenariats avec la Chambre de commerce internationale, l’ASCAME, la Fondation Prince Albert II de Monaco et plus de 20 universités.

Dans son keynote, Kolinda Grabar-Kitarović a insisté sur la primauté de l’empathie et du soft power en diplomatie. Elle a déclaré : « La puissance dure peut gagner des guerres, mais seule la puissance douce gagne la paix. » Elle a salué les consuls honoraires comme des « héros méconnus » capables d’agir au cœur des communautés, des entreprises, du monde académique et de la vie quotidienne, là où la diplomatie professionnelle est parfois entravée. « La diplomatie n’est pas l’imposition d’une volonté, mais la construction de la confiance, une conversation à la fois », a-t-elle ajouté.

Mohamed Idrissi, premier vice-maire de Marrakech et consul honoraire d’Ukraine, a décrit la FICAC comme une force diplomatique active, influençant la circulation des idées, des projets, des compétences et des investissements. Il a invité les délégués à découvrir la médina et la place Jemaa el-Fna, inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO, « un patrimoine vivant au cœur de l’identité de Marrakech ».

Mohammed Benjelloun, représentant de l’Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations (AMDIE), a présenté le Maroc comme base idéale pour des investissements durables. Il a appuyé cette présentation par six piliers : stabilité macroéconomique, infrastructures de classe mondiale, écosystèmes industriels développés, accès à 250 millions de consommateurs, capital humain qualifié et leadership dans la transition énergétique. Il a souligné que le pays est premier producteur africain de voitures particulières, hub d’exportation industrielle, engagé dans les énergies renouvelables à coûts compétitifs, et lié par des accords de libre-échange avec plus de 100 pays.

Deux panels ont lancé les travaux. Le premier, « Bridging Nations in Modern Times » sur les leviers de rapprochement par la diplomatie consulaire, l’engagement des jeunes, l’échange culturel et l’action humanitaire. Le second, « Navigating Modern Diplomacy », traitait des défis de la mondialisation consulaire — santé publique comme instrument de solidarité, durabilité et climat, protection des citoyens à l’étranger, cybersécurité et opportunités offertes par le numérique.

Le congrès se terminera par l’Assemblée générale de la FICAC, l’élection d’un nouveau conseil d’administration et un dîner de gala réunissant des dignitaires marocains, des représentants institutionnels et des membres du corps consulaire international.

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